Marc Pradal, le PDG de l’entreprise familiale centenaire Kiplay, spécialisée dans le vêtement de travail et de sécurité à Saint-Pierre-d’Entremont, prend sa retraite. Il passe la main à son épouse et ses enfants.
Après 37 ans à Kiplay, une entreprise familiale de textile basée à Saint-Pierre-d’Entremont (Orne), Marc Pradal prend sa retraite. Une retraite qui devrait être assez active.
Quel a été votre parcours chez Kiplay ?
Je suis entré en 1987 comme commercial. L’entreprise était à ce moment-là en redressement judiciaire et remboursait ses dettes. L’effectif était de 169 personnes. En 1991, je suis devenu responsable logistique.
Nous sommes en pleine crise du vêtement…
Dans les années 1987-90, les entreprises délocalisent à tout va. Nous sommes alors sur un marché de vêtements de travail et de prêt-à-porter à 50-50. Le marché évolue, mais pas dans notre sens. À ce moment-là, nous fabriquons tout en France. Nous ne sommes pas en phase avec le marché et nous ne sommes plus adaptés au niveaux des prix.
En 1991, je prends la décision de commencer à délocaliser la fabrication en Tunisie. Progressivement, je ferme l'usine de Sourdeval, celle de Flers et regroupe tout à Saint-Pierre-d'Entremont. La moitié des collaborateurs suivent et les autres personnes retrouvent du travail assez rapidement.
Et cela fonctionne ?
Ca permet de nous adapter aux prix du marché, les produits ne sont plus adéquats. Sur le vêtement de travail, je développe le vêtement "image de marque", c'est à dire que je décide de vendre des vêtements directement aux entreprises avec leurs couleurs et logos. Nous sommes portés par ce marché qui grandit de 10% / an jusqu'en 2005.
Et les vêtements de sécurité ?
Ils se développent en parallèle et notamment les vêtements fluo. Je me lance à fond sur ce créneau. En 1987, je développe les pantalons de travail où l’on coince des mousses au niveau des genoux pour les protéger. Nous avons sorti, dans les années 2015, les vêtements connectés. Nous vendons de plus en plus de vêtements à LED.
Vous avez lancé des vêtements made in France en 2017…
Depuis deux ans, ma fille Romane (29 ans) est la responsable du made in France. Nous souhaitons développer notre marque Kiplay Vintage. Nous avons sept, huit boutiques actuellement et voulons passer à vingt d’ici deux ans. Nous travaillons aussi pour des marques comme Saint-James, Le Slip Français et d’autres. Il y a de beaux projets à venir et j’accompagne Romane la dessus.
Qui prend les rênes de l’entreprise ?
Aujourd’hui, Kiplay fait 11.2 millions d’euros de chiffres d’affaires et emploie 55 personnes dans l’Orne. Mon épouse, Corinne devient PDG. Mes fils, Clément (32 ans) et Gérault (31 ans), sont DG. Clément s’occupant plus de l’aspect production et Gérault de l’aspect commercial : tous deux sur le vêtement de travail.
Qu’est ce que vous allez faire désormais ?
J’ai toujours des fonctions au niveau national et régional, notamment comme administrateur de l’Union Française des industries mode et habillement, mais aussi du Défi : la taxe allouée au développement des écoles d’habillement en France et l’aide à l’exportation. Localement, j’ai prit la présidence de Technormandie : une union des entreprises les plus importantes de Flers-Condé et de Vire.
En dehors du travail ?
J’ai plusieurs autres projets. J’ai un livre à finaliser sur le coaching et l’alimentaire qui est pratiquement écrit. J’en ai un autre dans la tête, où je me mettrais à raconter l’épisode des masques en France, car j’étais au cœur du système. Je vais aussi faire du vélo et du golf.
Emmanuelle FRANCOIS
https://www.ouest-france.fr/normandie/saint-pierre-dentremont-61800/marc-pradal-transmet-lentreprise-kiplay-a-son-epouse-et-ses-enfants-7062634a-fff3-11ee-b295-c2640ef35bd2
